On appelait autrefois « chauffeur » les personnes qui conduisaient les véhicules terrestres à moteur (voiture, autobus, camion, train). Ce terme remonte à la Révolution Industrielle, à la fin du XIXème siècle, avec l’apparition des premiers moteurs à propulsion à vapeur qui équipèrent les premières automobiles.
Le propriétaire de l’automobile ou celui qui la conduisait se devait de prévoir de mettre en route le moteur près d’une demi-heure avant le départ du véhicule. Et c’est au moyen d’un brûleur, qui fonctionnait avec du pétrole, que l’on élevait la température du réservoir d’eau. A bord d’un véhicule à moteur, il contrôlait le fonctionnement de la chaudière et actionnait les leviers de vitesse. Les progrès du démarreur électrique et des boîtes de vitesse, ainsi que ceux de l'entretien effectué par des officines spécialisées vont permettre au propriétaire de devenir aussi le conducteur. C’est ainsi que naquit l’expression de « chauffeur ».
A cette même époque, les locomotives des trains à vapeur étaient même pilotées par un duo : le chauffeur, qui alimentait la chaudière pour chauffer l’eau qui produisait la vapeur, alors que le mécanicien entretenait la machine et conduisait réellement la locomotive.
Quelques années plus tard, dès 1904 apparaissent les premières carrosseries « conduite intérieure » qui distingueront définitivement l’automobile de son ancêtre le fiacre. Avec la propulsion des automobiles par des moteurs à combustion et explosion, plus besoin de chauffer le réservoir d’eau ! Commence alors l’âge d’or de l’automobile française qui reste le premier producteur européen de 1905 à 1930. Le démarreur électrique et l’évolution des boîtes de vitesse, ainsi que l’apparition des premières concessions automobiles pour assurer la commercialisation et la maintenance des automobiles permettent au propriétaire de devenir aussi le conducteur. Mais le terme de chauffeur resta.
Utilisé au masculin, lorsque peu ou pas de femmes conduisaient les véhicules de transports en commun, (« chauffeur de bus » ou « chauffeur de car »), la féminisation du métier ne s’accompagna heureusement pas d’une féminisation du terme en France alors qu’au Québec on parle d’une chauffeuse d’autobus… Pour l’autobus et l’autocar, il semble que, comme dans de nombreux autres secteurs, le passage à l’an 2000 ait apporté son lot de nouvelles appellations de métiers.
C’est probablement avec l’apparition de la Convention collective nationale des réseaux de transports publics urbains de voyageurs du 11 avril 1986 que la langue administrative a pris la place de la langue usuelle. Le terme conducteur s’y est substitué au terme de chauffeur. La féminisation croissante de la profession (la moyenne nationale avoisine 30 %) renforce encore l’usage des termes conducteur/conductrice.
En témoigne la plaque signalétique affichée près du poste de conduite qui s’adresse aux usagers (aussi appelés voyageurs ou passagers) : « Défense de parler au conducteur », qui remplace les glaçoïdes des années 30 (affichettes cartonnées recouvertes d’un simili-émail) fixés auparavant dans les mêmes autobus sur les mêmes réseaux urbains « Défense de parler au chauffeur » pour garantir la concentration et la vigilance du responsable de la sécurité des passagers à bord.
Glaçoïde informative (années 1930 à 1960)
Plaque signalétique informative récente
Pour ce qui est du train, on parle aujourd’hui plus volontiers de conducteur de train, et même tout récemment d’agent de conduite.
L’usage du terme « chauffeur » demeure pour un « chauffeur de taxi », un « chauffeur de maître » ou un « chauffeur de grande remise ». On qualifie également sérieusement ou sur le ton de la plaisanterie de « chauffeur », l’ami ou le proche qui nous conduit à l’aéroport sans que cela prenne un caractère péjoratif ou une connotation de domesticité.
Conducteur d’autobus ou d’autocar, chauffeur de bus ou de car, quel que soit le terme que l’on choisisse, le conducteur de transport en commun est un personnage-clé du déplacement en autobus ou du voyage en autocar. Responsable de la sécurité des passagers et du bon état de son véhicule, il est maître à bord du véhicule. Il dispose bien souvent de connaissances techniques qui lui permettent d’identifier une panne, pour alerter le service de dépannage et orienter le diagnostic pour une intervention rapide.
Qu’il conduise un autobus au cœur d’une ville ou qu’il pilote un autocar de tourisme sur un circuit touristique, les deux facettes de ce métier exigent une pratique professionnelle irréprochable de la conduite en sécurité, dans le respect du code de la route, des règles de sécurité, de l’itinéraire et de l’horaire pour garantir le confort et la sécurité du passager. Au-delà de ces compétences acquises par des formations, ce métier nécessite aussi un savoir-être et des qualités humaines qui signent la qualité du service délivré aux passagers : empathie, courtoisie, maîtrise de soi indispensables dans ses missions d’accueil et d’information.
Depuis le 30 avril 2021 (JO 2 mai 2021), l’âge minimal pour passer le permis D (qui était fixé à 24 ans en dehors d'une formation longue) peut être abaissé en fonction de certaines conditions à 18 ans ou à 20 ans : formation reçue par le titulaire du permis B, services effectués, capacité et périmètre de circulation des véhicules.
Souhaitons que cette évolution de la législation favorise de nouvelles vocations pour cette profession, pour laquelle il existe de nombreux postes à pourvoir dans les Réseaux de Transport Urbain comme dans les Sociétés autocaristes.